Par Didier Lupo 7e Dan, Expert Fédéral,Champion d'Europe
Bien que le kata soit un exercice parfait, il ne reçoit sa signification qu'associé à son interprétation que l'on nomme le bunkai. Chaque mouvement de kata a son sens, le bunkai est parfois évident, parfois obscur, souvent trompeur. Par définition, c'est l'interprétation d'une technique de combat et l'expérimentation de son application pratique. Le sens fondamental du kata n'a rien à voir avec celui que lui donne sa version sportive actuelle, le plus souvent une démonstration gymnique et chorégraphique.
Pour s'améliorer dans l'exécution des katas, la simple répétition du kata n' est pas suffisante. Il faut d'abord comprendre le sens de chaque mouvement. En exécutant un kata, le karatéka doit s'imaginer entouré d'adversaires et être prêt à effectuer des techniques défensives et offensives dans toutes les directions, il doit faire sentir la présence de ses adversaires. Pour cela, vous devez les imaginer, les voir réellement, ce que seule une pratique assidue et la connaissance approfondie du bunkaï peut permettre.
Chaque kata a sa propre personnalité. Certains katas comme les Tekki donnent une impression de solidité, de robustesse et de lourdeur. Lorsqu’on les pratique, on peut s’imaginer en train de foncer sur l’ennemi comme un taureau qu’on ne peut pas arrêter. D’autres, comme Empi ou Unsu donnent l’impression d’être plus légers et rapides et demandent des sauts athlétiques. En les pratiquant, on peut s’imaginer en train de foncer tel une flèche. Certains sont plus gracieux et fluides, et d’autres sont exécutés lentement et demandant un grand effort musculaire. D'autres sont respiratoires.
Ces différences n’impliquent pas que celui qui exécute les katas bouge plus légèrement ou plus lourdement. Chacune des techniques est exécutée comme si elle allait être la seule à être pratiquée, la dernière, et il faut y mettre du kime, donner le maximum. C’est plutôt la forme de la technique, la vitesse à laquelle on l’exécute et le rythme du kata lui même qui lui donnent sont caractère.
Vous pouvez, dans ce but, vouloir les travailler avec partenaires de manière à en conserver la vision. Cependant, bien que possédant le bon bunkaï, cette pratique peut être difficile. Il faut se rappeler qu'un bunkai n'est pas toujours évident et qu"il évolue avec le niveau des pratiquants. Un age-uke par exemple peut être un blocage remontant sous le coude pour disloquer l'épaule , ou une contre-attaque du coude au menton.
Il n'y a pas deux sortes de karaté, celui du kata et celui des compétitions en combat; il y a pour chaque technique une application pratique et concrète. N'oubliez jamais le rapport entre la pratique des katas et le kumite